Merci aux enseignants du collège Thibaud qui se sont impliqués et particulièrement à Rémi pour l’élaboration de ce très beau texte sur le thème du conte puisque le thème de la fête était cette année « Il était une fois la fête du livre de Fismes, … et elle était 10 fois « . Chaque niveau avait sa partie distincte. Pas de 0 faute, le gagnant adulte avait 6 fautes. Merci à tous les participants ! Retrouvez les textes des dictées précédentes ici.
Niveau primaire.
En la bonne ville de Fismes, au temps jadis, vivait un jeune homme prénommé Roland. Son père était forgeron. Dès son plus jeune âge, il lui avait appris à manier l’énorme soufflet, pour attiser les flammes dévorantes et chauffer à blanc le métal avant de le façonner, à grands coups de marteau sur l’enclume.
Plus tard, quand il en eut la force, Roland s’essaya, lui aussi, à marteler le fer. Il devint vite expert dans la confection des fers à cheval mais aussi des épées et de bien d’autres objets qui se révélaient, parfois, de véritables œuvres d’art. Son père se réjouissait de le voir aussi habile et songeait, avec plaisir, que, lorsqu’il serait trop vieux pour frapper sur l’enclume, Roland se trouverait prêt à prendre la relève.
Niveau collège.
Or, Roland avait un autre dessein. Il rêvait de devenir conteur. Chaque soir, il se reposait de sa dure journée de labeur, assis sur un banc de pierre, proche de la forge. La fraîcheur du soir était bienfaisante à ses membres cuits par la chaleur et endoloris par l’effort. C’est alors qu’il lisait et se délectait des plus célèbres contes qu’il pouvait emprunter à la bibliothèque municipale. Néanmoins, quand il essayait d’écrire par lui-même, il se mettait à trembler et restait tétanisé au-dessus de la page blanche. En somme, il n’avait aucune idée. Il décida donc d’aller consulter une vieille femme qui, disait-on, possédait des dons bizarres.
– Eh, te voilà, jeune écrivaillon ! Entre, entre donc !
La vieille était horrible. En parlant, son menton pointu et proéminent vacillait, sa bouche édentée, ombragée par un nez osseux et crochu, s’étirait comme dans un ricanement, et ses yeux de chat, tout flamboyants derrière ses grandes lunettes, jetaient des étincelles. Des cheveux noirs se dressaient hors d’un chiffon enroulé autour de sa tête à la façon d’un turban. Mais ce qui rendait monstrueuse cette face déjà suffisamment répugnante, c’étaient deux grandes brûlures traversant sa joue gauche et son nez.
Niveau adulte.
Roland sentit son cœur battre la chamade quand, sur l’injonction de la sorcière, il entra.. Là, tout bougeait, tout s’agitait, c’étaient des piaillements, des miaulements, des croassements, des pépiements, pêle-mêle, à faire perdre la raison. Roland longea des cages où des aras énormes, avec leurs plumes fleuries, leurs panaches et leurs aigrettes, et de tout petits oisillons sautillants et bariolés, mêlant leurs cris au fracas que faisaient des singes, créaient le charivari assourdissant et piaillard d’une forêt lointaine et surnaturelle.
– Je sais très bien ce que tu cherches chez moi, mon petit, fit la vieille de sa voix nasillarde. Pour devenir conteur, il te faut assister au grand cénacle des créatures. C’est là que sont conçus les plus beaux contes !
Sans atermoyer, Roland lui emboîta le pas. Ils descendirent un escalier obscur et suintant, où des chauves-souris répugnantes voletaient de tous côtés en ricanant comme des démons. Pourtant, Roland n’avait plus peur. De facétieux farfadets vêtus de taffetas soyeux les accueillirent. Un imposant kiosque métallique très kitsch trônait au centre d’une pièce circulaire aménagée fort étrangement. Un hobbit guida Roland dans les travées bruyantes où il put s’asseoir parmi une dizaine de magiciens qui échangeaient des paroles graves comme des incantations. L’un d’eux traçait des signes cabalistiques sur une boule de cristal. Le premier lutin, un vieux grigou ronchon au faîte de sa renommée, ouvrit la séance plénière en frappant l’estrade de sa crosse chryséléphantine. Quel nouveau conte verrait le jour ?
Au cours des conciliabules, une naine assez replète répétait à l’envi qu’il fallait quelque antre rempli d’or et de gemmes, ce que raillaient sans ambages de soi-disant génies. Un mage à la robe bleu foncé susurra d’un ton doucereux que ce serait une gageure de ne proposer nul sortilège en guise de châtiment. Un jouvenceau irascible intervint pertinemment pour solliciter la présence d’une princesse et des fiançailles. Pendant que l’assemblée magnanime examinait sa requête, un ogre à l’imbécillité béate affûtait sa lame devant son billot, en scrutant par en dessous ses pairs. Roland, dont personne ne se préoccupait, n’avait d’yeux que pour une fée assise à quelques pas de lui. Soudain, dans un geste de lassitude, celle-ci laissa tomber sa baguette. Roland se précipita pour la ramasser mais, avant de la rendre, il embrassa avec dévotion sa main grêle. La belle fut touchée par ce baisemain et lui adressa un léger sourire. Ce n’était qu’un sourire de gratitude, mais il suffit à bouleverser le cœur du jeune garçon. Dès lors, mû par le plus puissant des sentiments, il s’estima prêt à écrire.
d’après E.T.A Hoffman (Le vase d’or);
Maupassant (Boitelle);
Quentin et la mouche (Conte belge)